lundi 1 juillet 2024

Histoire officielle des Guerres de Greyhawk (1ère partie) : Dramatis Personae

 

Introduction

Les philosophes disent que les conflits trouvent toujours leur origine dans la convoitise du pouvoir et de la richesse. C'est peut-être vrai pour les incursions insignifiantes et les raids frontaliers qui firent l'histoire de Toerre. Mais le grand carnage qui marqua ces dernières années ne saurait s'expliquer simplement par la seule convoitise. En effet, ce fut plutôt l'alchimie complexe des passions les plus mortelles conjuguées aux faiblesses et à la démence de certains protagonistes qui précipita des nations les unes contre les autres dans des guerres qui forgèrent le nouveau visage de la Flanaesse.

Ainsi, pour bien comprendre les Guerres de Greyhawk, ainsi qu'on les nomme aujourd'hui, il faut avant tout connaître le rôle de chacun des personnages qui écrivirent cette page douloureuse de l'histoire de Toerre. Ceux-ci vont d'un demi-dieu à des laissés pour compte, de guerriers héroïques à des espions encapuchonnés de rouge. Ensemble, ils constituent une grande dramatis personae, le casting d'une terrible tragédie.

 

Dramatis Personae

Iuz le Vieux

« Son Eminence Très Impie, Seigneur de la Douleur, Démon du Nord, Fils du Mal, Maître des Redoutables et Abominables Personnalités, Iuz le Mal, Iuz le Vieux », ainsi est acclamé ce répugnant demi-dieu par les créatures mauvaises et corrompues qui le servent. Régnant de la noire et sanguinaire Dorakaa, la Cité des Crânes, Iuz a toujours arboré un désir non dissimulé de dominer toute la Flanaesse. Toutefois, il ne se fit remarquer qu'un siècle avant les Guerres de Greyhawk.

En l'année commune 479 (AC), les terres qui sont connues maintenant sous le nom du Pays d’Iuz étaient un ensemble de petits fiefs indépendants que se disputaient âprement quelques princes insignifiants au nom du royaume de Furyondie, qui à cette époque s'étendait très loin vers le nord. Parmi ceux-ci, un despote misérable qui vivait dans les collines Hurlantes mourut cette même année et légua sa terre à un fils d'origine douteuse - Iuz. Bizarrement, les rumeurs décrivaient ce « fils » tantôt comme un vieil homme, tantôt comme un démon d'une taille gigantesque.

Après avoir réorganisé son petit domaine en un véritable camp militaire, Iuz porta son attention sur les fiefs voisins. Feignant une tactique purement défensive, il travailla dans l'ombre pour dresser ses rivaux les uns contre les autres. Puis, quand ceux-ci eurent épuiser leurs ressources et leurs énergies, il s'empara du pays. A la fin de cette première année passée sur le trône, Iuz avait conquis les trois fiefs entourant le sien.

Grâce à l'utilisation de ses troupes humanoïdes, le Pays d’Iuz commença à s'étendre rapidement comme la pourriture sur une pêche trop mure. En effet, la plupart des chefs humains considéraient les orcs et les gobelins comme des vermines inférieures, une attitude que personnifiait bien sa Grandeur le Comte Vordav qui jura de « brûler à vue tous les taudis de ces misérables ordures »1. Cette attitude leur permettait de « maintenir un faux semblant de pureté par ces vieilles traditions aerdiennes »2, mais elle impliquait aussi que leurs armées seraient rapidement débordées par celles de Iuz qui utilisait à fond la cruauté et la fécondité des orcs.

Comme de plus en plus de fiefs tombaient aux mains des humanoïdes, un flot grossissant de réfugiés rapportait les histoires les plus folles sur la puissance d’Iuz jusque dans le sud, dans le royaume de Furyondie. D'après ces rumeurs, Iuz avait construit une route pavée de crânes entre les collines Hurlantes et Doraaka, sa nouvelle capitale. Les lanternes des tours qui gardaient cette route seraient alimentées par de la graisse humaine. Iuz lui-même aurait mué et quitté sa forme de vieillard pour celle d'un monstre de taille gigantesque - c'est tout du moins ce que la rumeur annonçait. Bien que la plupart de ces histoires fantaisistes furent confirmées de visu par la suite, il n'en reste pas moins que celles-ci se propageaient comme une traînée de poudre le long des côtes sud du Lac Whyestil semant la panique sur leur chemin3. Le roi Avras III de Furyondie fut donc amené à tourner son attention vers sa frontière nord afin d'empêcher l'expansion des forces d’Iuz jusqu'au cœur de ses terres4.

La position du roi Avras était alors fragilisée par l'indépendance de ses nobles - en particulier les Grands Seigneurs du Sud qui n'étaient pas menacés par Iuz. La plupart d'entre eux saisirent cette opportunité pour obtenir des concessions de la part du roi, le privant ainsi des taxes dont il aurait bientôt cruellement besoin5. De telles concessions provoquèrent la colère des barons de la frontière septentrionale du pays qui se sentaient trahis par les grands nobles du sud. En réaction, ils infiltrèrent l'Ordre du Cerf, une faction religieuse sans importance à cette époque, et patiemment, la transformèrent en une fraternité militaire qui leur était dévouée.

Ainsi, la menace extérieure de Iuz ébranla la Furyondie de l'intérieur. Vers 505 AC, trois forces coexistaient au sein de la noblesse. La plus puissante faction était celle des Grands Seigneurs du Sud, qui utilisaient la menace d’Iuz pour s'affranchir de l'influence royale. En second venait l'Ordre du Cerf dont l'unité et la force grandissantes permit de s'opposer aux raids frontaliers de Iuz. En dernier venait le roi Avras III avec son domaine et ses proches. Piégé entre les terres de ces puissants voisins, le roi tenta vainement d'apaiser tous ses vassaux.

Toutefois, à ce moment critique, la puissance grandissante de Iuz fut mise à rude épreuve. Que ce soit par le fait du hasard, par leur sagesse ou leur courage, nul ne le sait, un petit groupe d'aventuriers réussit à approcher Iuz et à l'emprisonner dans les souterrains de Château de Faucogris. Comment et pourquoi ils le firent restent un mystère - ainsi que leurs noms, excepté un : Zagyg l'Archimage Fou6.

Quelles que furent leurs motivations et leurs objectifs, l'action héroïque de ces aventuriers eut pour conséquence de sauver la Furyondie. Privés de leur Maître, les armées gobelines et orcs qui se massaient aux frontières du pays se désagrégèrent rapidement. Les créatures barbares affrontèrent les lieutenants d’Iuz et conquirent les terres à l'est et à l'ouest du lac Whyestil. A l'est du lac, quelques chefs parmi les plus féroces aidés d'humains peu scrupuleux fondèrent la Société Cornue vers 513 AC, mais l'intérieur de la Forêt de Vesve resta sauvage jusqu'aux Guerres de Greyhawk près d'un demi-siècle plus tard.

Quand les tribus humanoïdes s'enfuirent, la Furyondie était malheureusement paralysée par ses dissensions internes pour pouvoir leur donner la chasse. Dès que la menace venant du nord n'exista plus, le Prince Belvor, fils d'Avras III, courtisa assidûment l'Ordre du Cerf et réussit à le rallier à sa cause. Puis, après la mort de son père, il usa de ses prérogatives royales pour ramener les maisons nobles du sud dans le rang. Bien que son règne fût relativement court7, cette coalition lui survécut, réussissant à rassembler les diverses factions rivales pendant les quelques années de régence qui suivirent sa mort.

Depuis qu'il est monté sur le trône à la suite du Seigneur Throstin, Régent du Royaume, le roi Belvor IV s'est employé à renforcer la Furyondie, allant jusqu'à planifier la conquête de la Société Cornue et du Pays d’Iuz. Toutefois, les difficultés relationnelles au sein du royaume sont loin d'être résolues. En effet, les factions rivales, quoique moins puissantes, existent toujours. Le Seigneur Throstin, par exemple, a raffermi son emprise sur l'Ordre du Cerf et contrebalance le poids politique du jeune roi. Les luttes d'influence existent encore en en Furyondie.

Ainsi, quand Iuz réapparut en 570 AC, Belvor IV n'y prêta pas attention, trop occupé qu'il était à unifier son royaume. Iuz se fit également discret. En effet, sa disparition soudaine avait laissé son royaume dans le plus grand désordre et il dût réaffirmer son autorité sur les tribus humanoïdes les plus belliqueuses.

 

La folie du Grand Roi

Avant que ne débute la longue histoire du conflit entre Iuz et la Furyondie, des événements importants eurent lieu dans l'est. Dans le palais de Rauxès, au cœur du Grand Royaume, des rejetons de la Maison des Naelax se répandaient dans les halls, abattant sauvagement jusqu'au dernier tous les membres de la Maison régnante des Rax. Arrivée au pouvoir par le sang et la traîtrise, il était écrit que la Maison des Rax régnerait par la terreur, car la folie coulait dans les veines de sa nombreuse progéniture8.

L'histoire du Grand Royaume d'Aerdie commence presque 40 ans avant l'avènement d’Iuz. En ces jours, la Province du Nord était dirigée par le Prince Ivid, un noble charismatique et compétent, quoique complètement débauché. Parce que des décades d'un règne faible avaient usé la crédibilité de la Maison impériale, des nobles tels que le Prince Ivid devenaient de plus en plus exigeants et faisaient pression sur le Trône de Malachite. La royauté, faible comme elle était, céda et le Grand Royaume plongea dans le tumulte de la Guerre des Couronnes.

Quand Nalif, le dernier héritier des Rax fut assassiné9, une foule de princes rivaux clamèrent leurs droits au Trône de Malachite. Grâce à une campagne habile alliant la diplomatie, la guerre aux assassinats, le Prince Ivid résolut le problème de la succession en éliminant tous les autres prétendants, demeurant le dernier prince de sang survivant. La Maison des Naelax monta donc sur le trône et le Prince Ivid devint Sa Transcendance Céleste, Grand Roi d'Aerdie, le Grand Prince Ivid.

Parmi ses autres titres, il y était aussi Herzog de la Province du Nord, Archiduc d'Ahlissa, d'Aïdye et de Solandie, Suzerain de la Médégie, Commandeur de la Marche des Ossements ainsi que Protecteur d'Almor et d'Onouaille. Le destin se chargea vite d'amoindrir ses grandioses prétentions. Le chaos qui suivit l'assassinat de Nalif ne cessa pas quand Ivid s'empara du trône. En effet, les paysans de l'Onouaille, d'Aïdye, de Solandie se rebellèrent et l'Herzog d'Ahlissa revendiqua sa propre indépendance10.

Ivid conclut rapidement un marché avec son cousin du sud (les nobles du Grand Royaume étaient tous du même sang), découvrant en fin de compte son pays épuisé et mal organisé après des années de guerre civile. Incapable de lever une armée suffisante à l'intérieur de ses propres fiefs, le Grand Roi dût, à contre cœur, appeler à l'aide les quelques cousins qui lui restaient fidèles. Comme les requins attirés par l'odeur du sang, ceux-ci répondirent à l'appel, s'apprêtant à faire un festin de leur très cher cousin apparemment si affaibli.

L'histoire de cette seconde vague de la guerre civile est plus confuse et incomplète que la première. Le saccage de l'Université de Rauxès en 449 AC détruisit tous les rapports impériaux de la guerre11. De la même manière, l'importante bibliothèque du Duc Astrin à Estebelle fut détruite et brûlée pendant la campagne impériale finale. Bien que quelques récits incomplets aient survécu dans les monastères de la Médégie, ils sont très marqués par la vision avilie du Saint Censeur. Leur exactitude est très controversée, particulièrement en ce qui concerne leur principal sujet : les batailles entre Rauxès et la Médégie.

Bien que les récits de ces batailles se soient perdus, le résultat de ces guerres est clair : l'Empereur demeura sur son trône mais subit une perte d'influence et de territoires. Un neveu qu'Ivid avait installé à la tête de la Province du Nord se rebella contre son oncle et établi son fief en un état souverain. De même, le prélat le plus important de l'empire d'Ivid - le Saint Censeur de Médégie - défia le Grand Roi et établit un épiscopat indépendant. Les Barons des Mers n'eurent pas autant de succès. Bien qu'ils réussissent à s'emparer de la flotte aerdienne, l'Empereur leur fit fermer l'accès de tous les ports. Demeurant seuls et entourés de voisins hostiles, les Barons demandèrent la paix.

On sait peu de choses des batailles qui eurent lieu au cœur du Grand Royaume, sinon qu'Ivid y gagna son titre de « visionnaire démoniaque ». Quand Almor se rebella, le Grand Roi contre-attaqua avec violence et fit la preuve des liens qui l'unissaient aux démons. En s'appuyant sur cette aide de Baator, les armées impériales écrasèrent les rebelles. Malgré l'état d'affaiblissement de l'empire, Almor ne put résister à la fureur démoniaque des Compagnons de la Garde12 jusqu'à ce que Nyrond envoie de l'aide. Finalement, les armées épuisées se replièrent en bon ordre jusqu'aux frontières actuelles.

Depuis cette époque, le Grand Royaume a connu plusieurs Grands Rois. Ivid régna pendant 48 ans et, bien qu'il n'ait jamais réussi à regagner le contrôle des provinces perdues, il réussit tout de même à rassembler le reste d'Aerdie à sa cause soit par la peur qu'il inspirait soit par l'appât du gain. Son fils, Ivid II, ne demeura que trois ans sur le trône. En effet, déjà instable avant son couronnement, Ivid II sombra rapidement dans une terrible folie dès qu'il dût exercer les pleins pouvoirs de sa nouvelle charge13.

Ce ne fut pourtant pas la folie qui causa la mort d'Ivid II. En effet, il fut tué par un de ses fils qui désirait la couronne. Ivid III suivit immédiatement l'exemple de son grand père, exterminant tous les candidats possibles à la couronne. Ses mains encore souillées du sang de son père, il fit emprisonner ses enfants dans des cages dorées, leur donnant des tuteurs qui organisaient leurs nombreuses et avilissantes débauches. Il pouvait simplement passer pour un père négligeant. Quand il atteignit un âge avancé, Ivid III déclara que son héritier lui succéderait. Cette annonce déclencha un véritable bain de sang et de fratricides dans la prison de velours de ses enfants. Le dernier survivant devint Ivid IV.

Le nouveau souverain d'Aerdie prit exemple sur son père : ses enfants qui ne furent pas tués à la naissance furent emprisonnés et leurs mères atrocement torturées pour le plus grand amusement du Grand Roi. La gorge de leur père hors de portée, les enfants d'Ivid IV pratiquèrent leurs boucheries naelaxiennes sur une succession de nurses et de gouvernantes. Certaines survivantes furent remarquées par l'Empereur pour leur plus grand malheur et rejoignirent son harem personnel pour disparaître ensuite dans les souterrains de ses prisons. Le Grand Roi préférait la souffrance à l'amour.

Autrement, le règne d'Ivid IV fut d'une grande médiocrité Le Grand Roi excellait aux orgies et à tous les autres plaisirs, pas à l'administration de son royaume. Il entreprit périodiquement des campagnes militaires pour reprendre Almor ou Nyrond qui n'aboutissaient qu'à modifier les frontières de quelques kilomètres dans un sens ou dans l'autre. Peu importe - les batailles procuraient un spectacle estival qui occupait le Grand Roi. Celui-ci était plus intéressé par la fureur de la guerre que par un réel gain militaire.

            Pendant que Ivid IV badinait, celui qui serait son successeur, Ivid V, était au travail. Second parmi les fils du Grand Roi, Ivid V s'occupait à simplifier la désignation d'un successeur en exterminant tous ses semblables14. Bien qu'Ivid accomplit cette tâche avec talent et tact, son père refusa de lui céder le trône. Ainsi, le prince loua les services de la plus ancienne des favorites de son père pour lui verser de l'acide dans l'oreille15.

Ivid V s'empara ainsi du trône qu'il occupe depuis 28 ans. Bien qu'il soit un commandant d'armées faible et débauché, il gouverne son pays d'une main de fer démontrant un véritable génie pour tout ce qui est machination politique. Indéniablement, les quelques campagnes militaires qu'il a entreprises se sont soldées par un désastre, mais sa folie n'a aucunement atténué ses talents diplomatiques. Une fois de plus, les Provinces du Nord et du Sud se sont ralliées à la bannière du Grand Roi dont les émissaires ont réussi à gagner les humanoïdes de la Marche des Ossements à la cause de l'empire. Avec son pouvoir grandissant, le Grand Roi n'attend plus qu'une excuse pour formuler de nouvelles exigences aux pays rebelles de l'ouest.

 

Le Père de l'Obédience

            Le troisième et peut être le plus important des personnages intervenant dans cette guerre tragique est aussi le plus mystérieux. Connu seulement par son titre - Sa Sérénité Sans Egal, le Père de l'Obédience - le chef de la Fraternité Ecarlate construit intentionnellement un voile de secrets et de rumeurs au sujet de ses fidèles et de lui-même. Ainsi, tout ce qu'on sait d'eux n'est aujourd'hui que pure spéculation16.

            Bien que cette organisation constituée d'humains suélois est supposée très ancienne17, la Fraternité Ecarlate n'a fait véritablement parler d'elle qu'en 573 AC18. Cette année vit aussi la disparition de Thrommel, Prince de Furyondie et Prévôt de Véluna. Cette coïncidence a semblé importante, particulièrement aux théoriciens des conspirations qui voient la main de la Fratrie Ecarlate en toute chose bizarre ou inexpliquée19. Qu'il existe une connexion ou non entre les deux événements, la Fraternité est restée muette à ce sujet.

            Il est évident que la Fraternité Ecarlate est constituée de fanatiques. Leur société extrêmement monacale leur a d'ailleurs valu le titre de « moines », bien qu'on ne sache rien de leur pratique religieuse. Ils considèrent toutes les autres races comme inférieures au peuple suélois, et mettent leurs croyances à exécution avec une malignité froide et méthodique. Montrant une ruse et une perfidie sans faille quand ils fréquentent ceux qui sont au ban de la société, les membres de la Fraternité Ecarlate semblent obéir jusqu'à la mort à leur chef - le Père de L'Obédience.

            Bien que des rumeurs de son existence aient circulé depuis des siècles, la première action officielle de la Fraternité Ecarlate fut l'envoi d'émissaires dans les cours de la Ligue de Fer en 573 AC. Voyageant vêtus de robes écarlates et le visage encapuchonné, ces étrangers prétendaient être les ambassadeurs du royaume de Shar, la Terre de la Pureté. La plupart étaient d'excellents érudits et des sages qui, observant les cours de la Ligue, offraient généreusement leur aide à ceux qui en avaient besoin. Ainsi, ils sont parvenus patiemment à accéder aux postes sensibles et parfois vitaux dans les cours de nombreux nobles du sud.

Pendant que ces espions devenaient les confidents des rois, des assassins de la secte infiltraient leurs entourages sous des déguisements plus subtils. L'époque où cette invasion silencieuse commença reste inconnue, ainsi que le nombre d'assassins infiltrés. Certains révélèrent leur vraie nature avant la guerre, renforçant la cause de la Fraternité par le meurtre et la terreur. Malgré ces frappes ponctuelles, l'étendue du rôle de la Fratrie reste incertaine : les assassins ne disent qui ils sont que lorsqu'ils frappent. La tuile qui tua le Chambellan de la Principauté d'Ulek fut elle détachée par un assassin ou n'est ce qu'un hasard ?20.

            Il n'existe que des rumeurs concernant les autres activités de la Fratrie. Dans les dernières années avant la guerre, des rapports provenant du sud de Flannesse suggéraient que des mystiques vêtus de robes rouges tenaient en esclavage les vastes empires sauvages de l'Hepmonésie. Des voyageurs décrivaient ces sauvages dans les termes les plus horribles, détaillant sans pitié tous les usages de leurs rites cruels21. D'après les histoires de ces voyageurs, des vastes nations suivaient toujours les anciens usages des suélois et se préparaient à la guerre dans les contrées humides de l'Hepmonésie.

            Toutefois, l'Hepmonésie était trop éloignée des frontières des royaumes civilisés de la Flanaesse pour que quiconque ne s'en préoccupe. Les histoires de ces voyageurs tombèrent donc dans l'oreille d'un sourd, et personne ne prêta attention au piège grandissant des sages vêtus en rouge. Si quelqu'un s'y était alors intéressé, d'innombrables vies auraient pu être sauvées.

 

 

1 Annales de la famille Vordav. Le fief du comte Vordav comprenait de larges portions de la forêt de Vesve, une région bien connue pour sa population d'humanoïdes vicieux. Le commandement cité apparaît dans un ordre donné à l'un des chevaliers de Vordav qui gardait la frontière. Le chevalier, aujourd'hui inconnu, a apparemment exécuté l'ordre à la lettre, car Iuz a rallié les gobelins et les orcs de la Vesve plusieurs années plus tard en leur rappelant simplement la boucherie de Vordav.

2 Le Savant-Sage, Un catalogue de la Flanaesse, qui représente la portion orientale du continent de Toérik (Vol. III) ; Un guide du monde fantastique de GREYHAWK®.

3 Comme P. Smedger l'Ancien l'a suggéré, il est très possible que ce soit Iuz lui-même qui ait concocté puis disséminé ces rumeurs. G. Ivril prétend cependant qu'une telle spéculation n'est significative que d'un point de vue poétique et non historique.

4 Cette distraction empêcha Avras III de réaliser son projet d'assimilation des Terres du Bouclier. Libéré de la menace d'une action militaire, le comte de Walworth résista aux demandes de fidélité de la couronne de Furyondie. Cette résistance a eu de graves répercussions un siècle plus tard.

5 Le comte Kirhk d'Attstad fut le plus agressif et le plus efficace dans ses revendications. En échange d'une vingtaine de chevaliers et de sa promesse d'assistance signée, le comte obtint le droit d'évaluer et de percevoir des impôts dans son domaine, l'exemption des taxes royales, le droit de percevoir des péages sur la rivière Att, un évêché pour son neveu et même un mariage favorable entre le troisième fils du roi et la fille du comte Kirhk.

6 Les histoires sur les caprices et la puissance de Zagyg suggèrent qu'il a pu réaliser seul l'enlèvement. Cependant, il est plus probable que le magicien a reçu de l'aide - peut être de St Cuthbert du Gourdin lui-même ou d'un de ses prêtres. La participation du dieu au rapt pourrait expliquer pourquoi Iuz déteste tant son culte.

7 Belvor III meurt dans son sommeil en 537 AC après un règne de 15 ans. Certains nobles accusèrent les Grands Seigneurs d'assassinat, bien que les Redoutables et Abominables Présences - les Hiérarques de la Société Cornue - aient affirmé que leur magie avait provoqué la mort du roi. Une commission de magiciens et de prêtres dirigée par Lord Throstin de l’Ordre du Cerf a établi que le roi Belvor était mort naturellement dans son sommeil. Les Grands Seigneurs furent disculpés, mais les Hiérarques ne retirèrent jamais leur revendication : l'acte ne fit que renforcer leur position au sein de la Société Cornue.

8 La cause précise et la nature de cette folie furent les causes de nombreux débats chez les savants du Grand Royaume. Pomfert l'Ancien, un des Huit Sages de Rel Mord, considère que la folie des Empereurs a une origine magique. Citant l'épithète des Empereurs « parlant aux démons », Pomfert prétend que la folie des Empereurs provient de leurs trafics avec les créatures de Baator. Il souligne d'ailleurs qu'aucun cas de folie congénitale similaire n'a jamais été rapporté, ce qui contredit donc l'hypothèse de la folie héréditaire. Lorall d’Almor propose une autre source : la folie serait une malédiction des dieux pour la traitrise des Empereurs. En tant qu'Œil de la Foi du clergé d’Almor, toutefois, le jugement de Lorall doit être considéré avec prudence. En effet, les Almoriens ont toujours prétendu que les dieux étaient de leur côté dans les conflits qui les opposaient au Grand Royaume. De plus, s'il s'agit d'une malédiction, celle-ci semble avoir fait plus de mal aux ennemis de la Maison de Naelax qu'à ses membres, les Ivid y prenant visiblement goût.

9 Bien qu'il soit communément accrédité au prince Ivid, aucune preuve évidente lie ce meurtre au futur Empereur.

10 L’Herzog d'Ahlissa pensait que sa seule armée pouvait venir à bout de la Ligue d'Acier naissante et qui fut fondée en 477 AC, constituée d’Onouailles, de la Cité Libre de Citadelle, d'Aïdye, de Solandie et des proche-humains des Glorieuses et de l’Estemarche. En défaisant ce début d'alliance militaire et économique, l’Herzog d'Ahlissa pensait être en mesure de créer son propre empire.

11 La principale source subsistante est le Code de Mort d’Eeas, une liste concise des crimes pour lesquels l'exécution était mandatée. Bien que cet ouvrage révèle des signes précoces de la folie montante des Naelax, il n'offre qu'une vision limitée des évènements politiques de cette époque.

12 G. Ivril a montré de façon non équivoque qu'à défaut de toutes, au moins certaines unités de la Garde des Compagnons étaient constituées de barbazu, des baatezu mineurs de Baator. Ceci explique les performances très irrégulières des armées de l'Empereur.

13 Les symboles du pouvoir des Empereurs sont le Bâton de Naelax (bâton de foudre et de tonnerre), l'Orbe de Rax (équivalent à une fibule bouclier) et la couronne d'Aerdie (un heaume de brillance). De plus, le Trône de Malachite lui aussi semble être un artéfact mineur. Fabriqué dans un morceau de cristal tombé du ciel des siècles auparavant, il fut créé par un mage impérial. Ses pouvoirs sont restés un secret très bien gardé par l'Empereur. Quand le dernier héritier de Rax en emporta les secrets dans la tombe, Ivid I consulta les plus grands sages pour en percer les mystères. Les sages le servirent bien, et en récompense, il les tua, jaloux qu'il était de son nouveau secret.

La lignée d'Ivid a appris que le trône permet à celui qui est assis dessus d'avoir une vision véritable et qu'il l'entoure d'un globe d'invulnérabilité invisible. De plus, quiconque en connaissant le mot de commande peut ouvrir un seuil une fois par semaine. Cette porte s'ouvre sur le niveau le plus haut de Baator. Toutefois, le trône ne procure aucune protection contre les créatures qui peuvent en sortir. L'utilisation de ce dernier pouvoir est aussi dangereuse par le fait qu'il y a 5 % de chance de contracter une insanité à chacune d'elles - une malédiction bien faible pour une lignée déjà ravagée par la folie.

14 Ivid IV avait été très prolifique. Avant que son accession ne soit sûre, Ivid V avait à disposer de 123 frères et sœurs. Bien que des bébés en bas âge s'avérèrent des proies faciles, le frère ainé d'Ivid se montra un adversaire redoutable qui pouvait facilement le battre. Pendant de nombreuses années, les deux se livrèrent une guerre d'intrigues et d'assassinats dans leur palais prison jusqu'à ce qu'Ivid ait enfin le dernier mot.

15 Le rôle d'Ivid dans cette affaire est douteux : le nouveau dirigeant condamna fermement cet « acte de violence caractérisée ». En effet, sachant le danger de garder à ses côtés cette complice à la morale douteuse, il la condamna à la Roue de la Douleur.

16 De loin, la meilleure source d'information concernant la Fraternité Ecarlate et ses activités est les Histoires Etranges du Sud par un Voyageur Honnête de L. Marquel. Celui-ci un paladin de Nyrond accepta d'aller dans le sud à la requête du roi Archbold III pour y enquêter sur des rumeurs provenant de la péninsule de Densac. Voyageant grimé, Marquel erra dans des terres même bien plus au sud. Bien qu'incapable d'infiltrer les rangs interdits de la Fraternité Ecarlate, Marquel nota fidèlement toutes les rumeurs, légendes et expériences de son voyage. Le résultat est un mélange étrange de détails insignifiants et d'impossibilités majeures, toutefois, c'est la meilleure source d'information au sujet de la Fraternité.

17 Les rumeurs comme quoi la Fraternité serait un ordre inhumain (par exemple, ils seraient des drows adaptés à la surface ou d’êtres venus par un portail magique) ne réussissent pas à expliquer la facilité avec laquelle les et assassins de la Fraternité ont infiltré les cours humaines.

18 D'après les chronologies de P. Smedger l'Ancien et du Savant-Sage, en 573 AC, des émissaires de la Fraternité seraient arrivés dans les cours de la Ligue de Fer pour y offrir leurs services de sage.

19 Morrev Ironseeker de Scant alla loin pour relier la Fraternité Ecarlate à la majorité des évènements pré guerres. Il relie le groupe aux enlèvements précédemment cités, à la libération d’Iuz de la prison de Zagyg, au Grand Feu de la Céladon, et aux tribulations qui agitèrent la cité de Faucongris. Malheureusement, les « preuves » d’Ironseeker sont aussi fabriquées et sans fondement qu'elles sont intéressantes et populaires.

20 M. Ironseeker attribue presque toutes les morts de nobles ayant eu lieu avant la guerre à la Fraternité Ecarlate. Ses preuves, bien que manquant de recherches, témoigne cependant d'une imagination inégalable (ou débridée).

21 Le paladin vagabond L. Marquel fut particulièrement dégoûté par les rituels auxquels il assista dans les jungles d'Hepmonésie. Soulignant ses profondes protestations à la vue de ces rites, le lecteur notera toutefois une certaine fascination envers ceux-ci à travers une myriade de détails indécents. De façon amusante, après avoir quitté ces jungles, Marquel passa deux mois dans un monastère de Solandie « cherchant à se débarrasser de ses idées noires et de ses rêves torturés ».

 

Références

Histoire officielle des Guerres de Greyhawk

Traduction du "Wars Adventurer's Book" écrit par David Cook. 

Traduction initiale par Laurent Debelle.

Relecture par le Chevalier de Greyhawk

 

Le prochain article concerne la 2ème partie de l'histoire officielle des Guerres de Greyhawk.

 

Bonne lecture.

Le Chevalier de Greyhawk

 

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