Un grand sage de la Kéolande a dit un jour à propos des nombreuses puissances rivales de l'est : « Voici la perte de force, continue et ininterrompue, contrôlée uniquement par la férocité de la bataille et les victoires d'autrefois. Sachez que ces puissances ne cessent de retourner la vieille pierre à la recherche de la pépite d'or déposée là par ceux qui s'en fichaient. Qu'on sache que des hommes aussi odieux que ceux-là qui entravent la survie des hommes, ceux-ci sont convaincus que de telles pépites sont aussi abondantes que les langues de la Toerre. Restez tranquilles, bonnes gens, de peur que par votre mouvement vous n'attiriez l'attention des « fous », car des pépites peuvent rester enterrées sous une vieille pierre, ou assemblées avec d'autres être et utilisées pour orner comme un collier la poitrine d'un conquérant. »
Ce passage, basé sur les bouleversements politiques et militaires qui semblent être un thème incontournable et récurrent de ces puissances orientales, et en particulier du Grand Royaume, a été dévoilé à une époque de tergiversations permanentes de la part de nombreuses grandes puissances, et aussi rapidement qu'il fut autrefois assimilé puis rejeté comme sans prétention, il a maintenant été revivifiée par les nombreux chefs de file de la pensée moderne.
Au cours de l’année 578 AC (à la fin de Froidenoce), une déclaration de guerre fut émise contre le Grand Royaume et ses satellites par le royaume de Nyrond, la prélature d'Almor et leurs alliés. Ceci, en conjonction avec les diverses activités militaires déjà en cours, rend les parties sud et est de la Flanaesse aussi occupées que le marché de Rauxès, et les hommes sans maître se rassemblent comme une meute de loups affamés prêts à s’attaquer à des proies affaiblies.
Ailleurs, les événements mystérieux abondent et les présages de guerre se multiplient…
Détroit des Tournevents
Une action navale mineure a eu lieu ici à la fin de l'été car les marchands sont nombreux sur ces voies maritimes. On dit qu'un navire de guerre d'origine non révélée a repéré un groupe de trois navires marchands Duxchan, la Mêlée, le Glorieux et la Tigresse, qui étaient partie d'Oncie en route vers Sulgarde transportant un chargement de céréales et d'épices. Heureusement, ces trois navires transportaient une compagnie de fantassins mercenaires et un envoyé de Sa Seigneurie, le lieutenant Skould, leur commandant par intérim.
Avant la tombée de la nuit, ce jour-là, le bateau pirate attaque la Mêlée, qui avait pris du retard, car chargé de la majeure partie du grain. Une formidable action d’abordage s’est déroulée; le capitaine de la Mêlée, Sir Rawthers, a été tué dans les combats. Avant que le navire ne puisse être réclamé par les agresseurs, le Glorieux est arrivé à ses côtés et, avec Skould et de nombreux mercenaires triés sur le volet, ont repris la Mêlée tout en chassant les pirates devant eux. La Tigresse, qui s'était positionnée pour percuter, l'a fait. Les pirates, frappés et piégés, se sont rendus.
Il a été découvert plus tard que ce navire était un boucanier payé par certains nobles innommables de Rel Astra, et que ces nobles avaient largement contribué aux raids pirates qui étaient fréquents et si bien planifiés qu'il n'y avait jamais eu auparavant d'informations concernant leur origine.
On sait que Rel Astra a de nombreuses relations avec le Grand Royaume et son nouveau Connétable, le Seigneur de Mentrey, Spidasa. Avoir ces informations concernant Rel Astra rend l'intrigue plus épaisse que ne le souhaiteraient les Duxchanais. Une expédition navale et terrestre sera peut-être lancée plus tard l'année prochaine, dans le but exprès de réprimer les raids le long de la mer d'Aerdie et dans le détroit des Tournevents. D'ici là, les pressions politiques et les menaces devraient continuer à bourdonner entre Sulgarde et Rel Astra. Les Duxchanais exigent une indemnisation, tandis que Rel Astra fait la sourde oreille pour se concentrer sur son engagement à aider l’Episcopat de Médégie.
L’archipel des Tournevents (Archipel aux Embruns)
Bien que très éloignées du continent, ces îles ont souvent été regardées et discutées avec des notions mystérieuses qui viennent continuellement à l'esprit. Il est vrai que certains marins qui passent sur ces rivages ne reviennent jamais, et que ceux qui sont partis à la recherche de ces âmes ont partagé un sort similaire. Récemment, une histoire a surgi parmi certains marchands qui sillonnent les eaux du détroit des Tournevents et qui visitent également les îles. L'histoire, bien que reçue de seconde main, est considérée comme vraie : un certain marchand de Médégie qui, après avoir été emporté pendant plusieurs jours alors qu'il naviguait dans sa goélette, a été rejeté à terre avec son garde du corps le plus compétent, sur une terre qu'ils ont reconnu plus tard pour être l'île de Lendore. Ce que ce marchand et son compagnon prétendent avoir vu et entendu est en effet très étrange, tout comme leur retour ultérieur à Pontylvère via Sulgarde sur un navire qu'ils disaient être fait de verre et propulsé par le souffle de dieux et non de la Toerre.
En fait, ils ont vécu beaucoup de choses. Après avoir été rejetés sur le rivage, ils furent immédiatement assaillis par une bande de kobolds. Ils disaient que ces kobolds étaient différents, avec des yeux grisâtres et une courte fourrure noire en forme de moignon rappelant les piquants de porc-épic. Pensant que leur mort était proche, les hommes ont supplié le dieu de la mer en se repentant de leurs vies gaspillées. Comme en réponse, un homme apparut dans un nuage de fumée verdâtre. Sa présence a eu un effet négatif sur les kobolds, et ils se sont dispersés. Cet homme n'a pas tardé à dire aux voyageurs qu'il était un aspect du sorcier Lendore et que c'était lui qui avait attiré le navire des marchands vers l'île.
Le sorcier les conduisit alors à flanc de falaise et, pointant vers l'intérieur des terres, leur offrit un grand spectacle. Au loin, près du milieu de l'île et s'étendant sur environ cinq kilomètres plus au nord, se trouvait une ville – une ville de verre. Cela n'aurait peut-être pas été trop particulier à ces hommes, car ils avaient entendu et vu beaucoup de choses étranges et merveilleuses dans leur trafic, sauf que cette ville était suspendue dans les airs, planant comme par magie à au moins un demi-mile du sol et brillant avec la même teinte verdâtre et vaporeuse, qui émanait de l’aspect du sorcier.
Le sorcier raconta alors un conte des temps anciens qui disait que cette ville serait le dernier refuge des habitants de cet archipel d'îles une fois passée la Calamité. L'aspect de Lendore indiqua que cette Calamité était proche et qu’elle se présenterait sous la forme d'une invasion de ces îles par la Seigneurie des îles et de leurs alliés, certains clans marchands de Médégie. Les deux, a-t-il dit, espéraient exploiter les Tournevents pour servir de base extérieure et trouver les richesses qui, selon la rumeur, existeraient ici.
Le sorcier retrouva alors son sang-froid, ayant été absorbé par son histoire. Regardant la mer d'Aerdie, il prononça des paroles indéchiffrables et, ce faisant, appela un navire de verre sur les rives de l'île. Les deux raconteurs ont ensuite été transportés par magie à travers la mer d’Aerdie jusqu'à la Médégie en passant par Sulgarde. Ils ont emporté avec eux un message aux Duxchanais et à Spidasa de l’épiscopat de Médégie, ainsi qu'aux Barons des mers et à la ville libre de Rel Astra, qui ont tous de grands intérêts dans les Tournevents.
Le message indique que si une tentative est faite pour envahir les îles, il se produira une lutte de pouvoir des plus terribles. Les « forces » impliquées ne se limiteraient pas à la seule défense des Tournevents, et, comme il était indiqué, les territoires des attaquants subiraient un formidable assaut faisant suite à cette violation de territoire et d'honneur.
Lorsque les deux « messagers » revinrent à Pontylvère, ils furent arrêtés par les gardes de Spidasa et interrogés. Bien qu'ils aient vu beaucoup de prodiges, ils n'avaient vu aucune armée. Tout semblait sans vie sauf les kobolds et l'apparition du sorcier. Les Olfes étaient-ils présents ? "Non !" disaient ces deux-là, mais ceux ayant des responsabilités supérieures savaient que les seigneurs de Lo Reltarma béniraient toute entreprise pour la défense de leurs îles. La dernière information à ce sujet est également étrange, mais pas inattendue : le marchand et le garde du corps ont été convoqués à Mentrey sous bonne garde, et à ce jour leurs noms et familles ne sont pas connus, seul est connu ce récit de seconde main.
Prélature d'Almor
Le prélat Anarkin espère pouvoir disposer de ses armées à la hauteur en qualité et en nombre afin de pouvoir faire face aux menaces que font peser en ce moment le Grand Royaume et (surtout) l’Herzog Chélor.
Par la suite, la milice, qui s'élevait à 7 000 il y a quelques mois, n'a cessé d'augmenter, de sorte que l'an prochain (579 AC) à la même époque, elle devrait atteindre un nombre respectable de 30 000+. Telles qu'elles se présentent sur le papier, les armées d'Almor sont les suivantes :
Armée de campagne d'Almor : (-50 % mais en hausse)
Commandant : Archiprêtre Anarkin
Base : Parlefort
· Cavalerie lourde 400
· Cavalerie moyenne 2000
· Cavalerie légère 4 000
· Infanterie lourde 1 500
· Infanterie d'armes d'hast 6 500
· Infanterie légère 8 000
· Milices 30 000
· Archers (mixte) 5 000
En plus de cette force, la noblesse occidentale a levé des régiments importants basés à et autour d'Oldred. Ces forces sont principalement des volontaires, avec de nombreux petits commandants et différents types d'aventuriers présents. Toujours en attente d'ordres, ces contingents sont disposés à être envoyés partout où les combats sont intenses, bien que l'on pense que leur objectif principal sera Scant le long de la baie de Relmor.
Flotte de la baie de Relmor
Commandement conjoint : amiral Auriel Lexis (Nyrond), comte Stephen Bulhart
Base : Oldred
Navires de guerre 13
Grandes galères 8
Transports 57
Marins 1 000 (Nyrond)
Cavalerie légère 700
Infanterie lourde 1 000
Infanterie légère 2 500 p
Milices 3 700
Almor attendra l'arrivée de l'armée de campagne de Nyrond près de Mithat avant de tenter des opérations de son propre chef, avec l'espoir que la Ligue de fer (et en particulier la Solandie) puisse tenir pendant ce temps. Lorsque les deux armées se trouveront à distance opérationnelle l'une de l'autre, l'objectif de l'armée d’Almor sera probablement de se déplacer vers Prympe et le long de la côte, enfonçant un coin dans le dos de l’Herzog Chélor tandis que l'armée de Nyrond se déplacera avec le gros des forces plus lourdes pour établir un front de fonctionnement fluide, sans problèmes d'approvisionnement et de communication.
Le Royaume de Nyrond
Dans un pas si lointain passé, Nyrond a dû assumer le fardeau financier de ses alliés (la Ligue de Fer et Almor) pour fournir des mercenaires, des armes et des armures et des denrées alimentaires à ces régions. Ces mesures d’aides, qui visaient à créer et à maintenir un tampon entre Nyrond et le Grand Royaume en dégénérescence, étaient mal vues par la noblesse de Nyrond, car les impôts restaient à un niveau record pour continuer à payer ce soutien. Aujourd'hui, la même noblesse qui prétendait « avoir été abusée » de la part de Dunstan est convaincue de la tentative de prise de contrôle totale d'Ivid, juste au moment où ils supposaient que Chélor était coincé et qu’il ne pourrait pas lancer plus qu'une attaque punitive contre la Ligue de Fer.
Nyrond dispose avant tout d’une grande souplesse pour son armée de campagne et sa flotte. A travers ses nombreuses batailles ornant son passé glorieux, elle s'est développée sous la direction de certains des meilleurs tacticiens de ce côté de la Flanaesse. Désormais dirigée par des stratèges très compétents, parmi lesquels le roi Dunstan lui-même, la force nyrondienne est en effet redoutable. À l'heure actuelle, les armées de Nyrond sont divisées en deux camps sans compter les unités de garnison et certaines bandes de mercenaires qui sont stationnées le long des frontières nord et ouest, et les unités actuellement en mer :
Les armées de Nyrond
Force principale :
Commandant : Roi Dunstan
Adjoints : Généraux Garzenth et Bellord
Base : Rel Mord (en route vers Mithat)
· Cavalerie légère 2000
· Cavalerie moyenne 3000
· Cavalerie lourde 5 000
· Infanterie lourde 8 000
· Infanterie d'armes d'hast 3 000
· Infanterie légère 1500
· Infanterie (mercenaire) (mixed) 1 000
· Milices 9 000
· Archers légers 3 500
Force secondaire :
Commandant : Comte Harhing
Base : Innspa (en route vers le sud)
· Cavalerie lourde 2000
· Infanterie lourde 4 000
· Infanterie légère 3 000
· Milices 4 500
· Archers de combat 2 000
L'objectif premier de ces deux forces paraît simple. Dunstan se déplacera vers le sud le long de la côte de la baie de Relmor et traversera la rivière Harpe, près de Parlefort, en soutien de la principale armée almorienne, qui aura commencé son mouvement vers le sud à l'arrivée de l'avant-garde de Dunstan à Mithat. La force secondaire se dirigera vers le sud le long de la rive est de la Harpe et engagera toute force qui essaierait d'attaquer le flanc ou l'arrière du roi. Avec une armée almorienne menaçant la baie de Relmor et une autre assiégeant Prympe, le roi Dunstan ne devrait avoir que peu ou pas d'opposition sur son chemin vers la prise des rives de la rivière Grisflot d'ici le mois prochain. Ce mouvement menaçant l’arrière de l’armée de l’Herzog Chélor, il devra faire demi-tour pour affronter Dunstan, allégeant ainsi la pression sur la Solandie, ou il se fera « écraser dans le dos ».
Et pour assurer la victoire complète de cette entreprise, Dunstan a fait appel à l'aide du comté et du duché d'Urnst, obtenant ainsi une nouvelle aide d’une infanterie d'élite bien formée - plus de 10 000 - qui seront présents dans la région de Rel Mord / Boissalin [Woodwych] dans les trois mois.
Référence
DRAGON n°65 GREYHAWK’S WORLD
NEWS, NOTES AND VIEWS OF THE GREYHAWK CAMPAIGN
EVENTS OF THE EASTERN AND SOUTHERN FLANAESS
by Robert J. Kuntz
© 1982 E. Gary Gygax. All rights reserved.
Le
prochain article concerne l'histoire officielle des Guerres de Greyhawk.
Bonne lecture.
Le Chevalier de Greyhawk
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