mercredi 3 juillet 2024

Histoire officielle des Guerres de Greyhawk (2ème partie) : la partie d'échecs d'Iuz

 

Le Cours de la Guerre

            Vu le subtil équilibre entre le bien et le mal qui existait alors en Flanaesse et la faiblesse tragique de ses tyrans et de ses rois, la question n'était pas de savoir si une guerre allait éclater mais quand, comment et où elle surviendrait. En 582 AC, ces questions trouvèrent des réponses surprenantes.

 

Ascension de Roquepoigne

            Dans le nord glacé, loin de la lutte entre les anciens royaumes d'Aerdie, vivaient quelques tribus barbares : les Fruztii, les Schnai et les Cruski ainsi que les pillards du fief de Roquepoigne. Pendant des siècles, ces bandes attaquèrent quiconque pénétrait sur leurs terres stériles ou sur leurs mers. Trois des quatre groupes - Frutzii, Schnai et Cruski - se distinguaient par leur héritage suélois et des ennemis communs. En tête de ces ennemis venait les pillards du fief de Roquepoigne.

            Les escarmouches entre ces peuples primitifs auraient pu rester comme une parenthèse dans l'histoire épique de la Flanaesse. Toutefois, des rumeurs surgirent à propos d'un ancien artéfact - les Cinq Lames des Corrusques - des épées d'origine barbare dotées d'une extraordinaire puissance magique et perdues depuis des siècles. Quatre des cinq lames furent retrouvées au cœur des Corrusques. La légende prétendait que lorsque la dernière des épées serait unie à ses sœurs par un rituel approprié, les Cinq Lames des Corrusques uniraient leur puissance pour invoquer le Grand Dieu du Nord. Cet être surnaturel soulèverait alors les tribus barbares et les mènerait à la victoire dans les chaudes et fertiles terres du sud.

            Bien que d'innombrables jeunes guerriers soient morts dans les montagnes à sa recherche, la dernière lame ne fut pas retrouvée. Quoiqu'il en soit, en 582 AC, un chef charismatique et disposant d'un grand pouvoir apparut parmi les barbares. Il s'appelait Vatun, le Grand Dieu du Nord - et avait la puissance magique nécessaire à ses ambitions. L'apparition de Vatun surprit même les plus convaincus de la légende des Cinq Lames, y compris les rois barbares qui avaient utilisé cette histoire pour asseoir leurs pouvoirs. Vatun dût réussir à prouver sa puissance à ces dirigeants sceptiques, car les rois Fruztii, Schnai et Cruski se soumirent au « tout puissant » Vatun.

            En réalité, Vatun n'était pas ce qu'il semblait être. L'histoire entière n'était qu'une gigantesque imposture. Iuz, avec sa ruse maléfique et ses pouvoirs de demi-dieu, avait créé Vatun et se présentait comme le messie des barbares. Peut-être que les Cinq Lames des Corrusques existaient réellement et que le Grand Dieu du Nord serait apparu si la cinquième lame avait été retrouvée, mais les machinations de Iuz stoppèrent net toute recherche de cette dernière.

            Vatun ne perdit pas de temps. La guerre était imminente entre les barbares et Roquepoigne. Alors que Vatun apparaissait devant ses fidèles subjugués, les Poings convergèrent vers eux pour interrompre la cérémonie. Lors de la brève bataille qui s'ensuivit, Vatun repoussa facilement les Poings et fut couvert de louanges par les barbares. Mais, plutôt que d'écraser complètement les Poings, Vatun en fit des alliés. En l'espace de quelques semaines, Sevvord Barberouge - très connu pour son indépendance bornée - changea radicalement (ou magiquement) d'idée et se joignit aux hordes barbares de Vatun.

            Les Vagabonds des Landes perdues, peut-être parce qu'ils sentaient l'odeur trop familière de Iuz, se montrèrent moins pieux envers Vatun. Terriblement indépendants, les chefs des Chiens de Guerre survivants refusèrent l'offre de s'allier à Vatun. En se retirant dans la grande plaine entre Roquepoigne et le Pays de Iuz, les Vagabonds furent à la fois protégés et emprisonnées dans leurs terres gelées et inhospitalières.

             Bien que Vatun semblait sans importance aux sages des terres civilisées et qu'il fut en réalité un trompe-l’œil, son apparition modifia irrémédiablement l'équilibre délicat entre bien et le mal. L'alter ego de Iuz tenait les tribus du nord dans un poing de fer et d'un simple geste, il les envoya combattre au sud.

            Le fief de Roquepoigne, maintenant plus un allié qu'un 'ennemi des barbares, se massa en vue d'un assaut vers le sud. Faisant preuve d'une sauvagerie qui surpassa même sa réputation, Sevvord Barberouge, le Maître du Fief, réprima dans le sang toute opposition à son règne. Il transforma même le Rite Annuel des Batailles en un véritable massacre pour prouver son autorité, puis rassembla ses forces pour un conseil de guerre. Il déclara que le temps était venu pour les Poings, privés depuis longtemps de terre et de gloire, de mettre à genoux leurs voisins du sud.

            Grâce à une telle démagogie, le Maître du Fief n'eut pas de mal à rassembler une grande et loyale armée. Les Poings étaient avides de guerre et Sevvord Barberouge disposé à les laisser se partager le festin. Sur ordre de Vatun, le Maître du Fief conduisit son armée par la Passe du Tonnerre et déferla sur Calbutte dans le Duché de Taine.

 

Note au MJ : il est important de noter que cette histoire contredit la fin de l’aventure WGS2 « Un Hurlement venu du Nord », où les cinq Lames sont retrouvées par les PJs et le rituel débuté. Simplement, ce rituel est interrompu et Iuz apparaît en tant que Vatun.

Nous proposons de modifier cette partie. Le rituel a lieu jusqu’à sa fin et Vatun, le Grand Dieu du Nord, apparaît. Il unifiera les trois royaumes et guidera les barbares suélois en vue de futures victoires. Iuz fait alliance avec Sevvord Barberouge du fief de Roquepoigne qui attaquera le duché de Taine.

Nous développerons WGS1 et 2 à la suite des Guerres de Greyhawk.

 

Chute du Taine

            Décades après décades, les atamans de Roquepoigne ont toujours convoité le Duché de Taine - une terre chaude et luxuriante selon leurs standards barbares. Toutefois, pendant toutes ces années, le Duc de Taine et son armée ont bloqué le chemin vers ces terres riches. Basées dans la cité fortifiée de Calbutte22, les patrouilles du Duc Ehyeh surveillaient et protégeaient la Passe du Tonnerre, repoussant les petites attaques et ralentissant les raids plus importants suffisamment longtemps pour que des renforts provenant de la garnison de la ville puissent arriver. Pendant des siècles, les cités murées de Taine et leurs garnisons ont contraint les Poings à de petits raids frontaliers. Préoccupés par leurs escarmouches avec les Fruztii, les Poings n'avaient pas monté d'attaque de grande envergure à travers la passe depuis plus de 30 ans.

            Pendant ces années, les Tainois devinrent trop sûr d'eux. Croyant la frontière nord sûre, le Duc Ehyeh retira ses guerriers de la Passe du Tonnerre pour leur assigner des tâches plus urgentes : patrouilles pour intercepter les créatures venant des Monts Griffons et des bourbières des Trolls, corps expéditionnaires pour chasser les hors-la-loi de Perchefreux et des royaumes Brigands, troupes régulières pour renforcer la frontière avec la Théocratie d'Arbonne qui devient de plus en plus hostile. La Passe du Tonnerre étant calme et les Poings occupés ailleurs, Ehyeh permit aux soldats tainois basée à Calbutte de s'endormir dangereusement.

            En 582 AC, la ville de Calbutte n'était pas du tout préparée pour résister à une horde de barbares franchissant la Passe du Tonnerre. La grande muraille qui fermait les hauteurs de la passe tomba sous les assauts des Poings et les courriers portant la nouvelle de l'attaque n’arrivèrent pas. L'interminable flot des Poings s'engouffra ensuite dans la passe, submergeant les murailles de Calbutte et pénétrant dans la ville par ses portes encore ouvertes, prenant le commandant de la garnison totalement au dépourvu23. Tous les hommes de la ville furent massacrés, les femmes et les enfants emmenés en captivité.

La perte de Calbutte affligea le Duc de Taine qui s'attendait à ce que l'invasion suive son cours normal, c'est-à-dire à ce que les Poings indisciplinés s'arrêtent pour piller la ville. Pendant les jours - ou les semaines - durant lesquels les barbares pilleraient la cité, le Duc Ehyeh aurait le temps de lever prudemment une armée et piégerait les barbares dans leurs propres campements. Lentement, le Duc rassembla son armée, prélevant des troupes sur les autres fronts.

            Mais cette invasion ne se passa pas comme les précédentes. Pendant que les forces de Taine se rassemblaient, Sevvord Barberouge poussa ses troupes en avant. Dans la brève campagne qui s'ensuivit, les Poings marchèrent le long de la rivière Zumkère, submergeant les quelques milices qu'ils trouvèrent sur leur chemin. Cinq jours après la chute de Calbutte, la horde de Sevvord assiégeait la capitale de Taine, Nevond Nevnend.

            Sans la présence rassurante du Duc, la panique s'empara de la ville. Entendant des rumeurs de greniers vides, une foule de paysans effrayés marcha sur la citadelle. La réponse ridicule du Conseil des Seigneurs d'envoyer la garde sur la foule provoqua une émeute qui s'étendit rapidement à toute la ville. Pendant que bouillonnait la panique populaire dans la cité ; à l'extérieur, Sevvord s'installait pour un siège. La capitale tomba facilement, et avec elle, toute autorité dans le duché.

            Après le double désastre de Calbutte et de Nevond Nevnend, les armées de Taine étaient décimées. Les Poings de Sevvord se répandirent alors facilement à travers les campagnes et dans le Bois Luisant. Le Duc, la Duchesse et leurs enfants s'enfuirent du pays, trouvant refuge à la cour de la Comtesse Bélissica d'Urnst.

 

Diplomatie

La nouvelle de la chute de Taine se répandit dans la Flanaesse comme une traînée de poudre, suscitant des réactions de tous côtés. La conquête de Sevvord résonna comme le glas à travers le pays. Les messagers murmuraient les nouvelles aux oreilles des rois et empereurs en leur disant « Le marteau est tombé. Le temps est venu. ». La Grande Guerre avait fait couler son premier sang.

            Le plus marqué par la chute de son pays était Ehyeh, le Duc en exil. Dans la cité de Radigast, lui et ses courtisans fondèrent une cour en exil. La rapidité de la défaite affecta considérablement la réputation du duc. Ses mauvais calculs furent interprétés par de la négligence, les revers de fortune en incompétence, le désespoir en despotisme.

C'est dans ce contexte que le Duc demanda à sa bienfaitrice de l'argent et une armée pour regagner son pays. La comtesse d'Urnst, n'était pas une femme à renier les traditions ancestrales et les droits de la noblesse ; elle donna refuge au duc et à sa suite et finança même sa cour, mais elle se refusa à toute autre aide.

            D'autres nations ne furent pas si obligeantes. La Théocratie d'Arbonne, bien que mécontente de voir Sevvord à ses portes, n'aimait pas et ne faisait pas confiance aux Tainois. Ainsi, le Prélat Suprême d'Arbonne refusa de fournir une armée au Duc Ehyeh, choisissant de renforcer ses propres frontières et se tenant prêt à conquérir Taine. Le roi de Nyrond, quoique favorable à la cause du Duc, tenait en réserve ses troupes et ses finances pour contrer les grondements menaçants venant de son vieux rival, le Grand Royaume.

            Au même moment, Iuz subissait son premier revers. Les peuples des Fruztii, des Cruski et des Schnai, rivaux de longue date de Roquepoigne, trouvaient à redire à l'attaque audacieuse de Sevvord. Taine avait toujours aidé les barbares dans leur lutte contre le Grand Royaume et la Marche des Ossements. Par exemple, le Duc Ehyeh fermait les yeux sur le commerce d'armes entre Perchefreux et Krakenheim qui passait par le Taine. Maintenant, le Maître du Fief fermait les routes commerciales et confisquait toutes les expéditions d'armes pour les donner à son peuple. Furieux de ce manque à gagner et se sentant trahis par le « Grand Dieu du Nord », les chefs barbares commencèrent à douter de Vatun. L'alliance des dupes, mise au point par Iuz, commença à se fissurer.

            Les rois barbares refusèrent d'écouter Vatun quand celui-ci leur demanda d'écraser Ratik et d'envahir la Marche des Ossements. Bien que les humanoïdes de la Marche comptent parmi leurs ennemis les plus détestés, ils n'avaient aucune envie d'agresser Ratik. La minuscule baronnie coopérait avec eux depuis de nombreuses années et des liens forts s'étaient créés entre elle et les tribus du nord24. D'accord pour lancer des raids côtiers contre la Marche des Ossements et le Grand Royaume, les barbares refusèrent les ordres de Vatun d'attaquer Ratik. Après seulement quelques mois de guerre, l'Alliance du Nord s'effondrait.

            Ainsi, la supercherie à l'origine de la Grande Guerre prenait fin, mais pas sans que Iuz ne se soit assuré de la fidélité sans faille de Roquepoigne. Toutefois, malgré la fin de l'alliance, Iuz avait tout de même réussi à détourner l'attention des barbares de l'ouest. En effet, au lieu de franchir les passes du nord et d'envahir le sud, les barbares lancèrent de grands raids maritimes le long des côtes du Grand Royaume.

 

Martyrs des Chevaliers du Saint Pavois

            En l'Année Commune 583, Iuz retourna dans ses terres. La courte absence qu'il occupa à abuser les barbares menaçait une fois de plus de plonger son empire maléfique dans la confusion. Enervé par les revers qu'il avait subi dans l'est et déterminé à réduire au silence l'opposition interne, Iuz restructura sauvagement son pays. Les nobles humains des vieilles maisons de Furyondie - déchets humains, trop faibles pour fuir ou pour s'opposer à Iuz - furent soit déposés, soit tués. A leur place, Iuz plaça des êtres vils venus des Abysses : nabassus, cambions, hezrous, mariliths ou vrocks qu'il avait d'une façon ou d'une autre réussi à soumettre 25.

            Iuz ne se limita pas à restructurer son domaine, il remplaça aussi les chefs de la Société Cornue. Les Très Redoutables et Abominables Présences, les Hiérarques, lui rendirent la tâche facile. En effet, ils régnaient en secret, dissimulant leur identité humaine à leurs suivants humanoïdes. Des rumeurs comme quoi ils étaient des Seigneurs démoniaques circulaient parmi leurs troupes, rumeurs créées par les Hiérarques pour asseoir leurs pouvoirs. Iuz décida simplement de faire de ces rumeurs une réalité. Pendant Froidure, au plus fort du Festival de la Lune Rouge, les citadelles de Molag vomirent le sang quand le Seigneur du Mal frappa. En moins d'une nuit, les Hiérarques devinrent une simple légende et Iuz pris totalement le contrôle de la Société Cornue.

            Cette prise de pouvoir et les préparatifs de Iuz pour la guerre ne passèrent pas inaperçus. Les espions de Furyondie rapportèrent au roi Belvor IV l'existence de nouvelles armées d'humanoïdes. Ces nouvelles auraient pu être écrites avec le propre sang des espions car la plupart d'entre eux furent retrouvés morts, rendant Belvor aveugle et sourd à ce qui se tramait. Quand les rares espions survivants parvinrent jusqu'à lui, le roi venait juste d'apprendre le destin tragique de Taine et organisa immédiatement sa défense. Les citadelles le long de la rivière Veng furent renforcées en vue d'une attaque imminente. Les vassaux de Belvor levèrent des milices et dépêchèrent des troupes le long de la rivière Veng. Des émissaires furent envoyés dans les Terres du Bouclier et à Véluna pour les inciter à la guerre. Belvor était déterminé à ce que la Furyondie ne tombe pas.

            Dans les Terres du Bouclier, les émissaires de Belvor reçurent un accueil glacial de la part du Seigneur Holmer, Comte de Walworth et Commandeur des Chevaliers du Saint Pavois. Les relations entre les deux dirigeants avaient toujours été épineuses. Bien qu'étant ostensiblement un allié de la Furyondie, le comte suspectait depuis longtemps Belvor de vouloir annexer les Terres du Bouclier. Jusque-là, les nouvelles des messagers indiquant un grand rassemblement de troupes dans Molag avaient rendu Holmer soupçonneux. Toutefois, il prit cette mise en garde à la légère, pensant que Belvor exagérait le danger. Holmer pensait qu'il était plus périlleux d'accepter sur son sol les puissants Chevaliers de Furyondie venus l'aider à se défendre plutôt que d'affronter les hordes de la Société Cornue avec ses propres chevaliers.

            Iuz frappa au début du mois de Migreplume. Sous le couvert de la nuit, les humanoïdes de la Société Cornue se déployèrent le long des rivières Veng et Ritensa et ils lancèrent des attaques tests. Aucune de celles-ci ne fit de pertes réelles parmi les chevaliers du Cerf ou du Saint Pavois, mais elles atteignirent quand même leur but. Pendant que les troupes de Belvor et d'Holmer se concentraient le long des fleuves, les véritables légions de Iuz marchaient vers l'est, franchissant la Ritensa au nord des Terres du Bouclier et frappaient au cœur des Royaumes Brigands. Les petits seigneurs de la guerre furent rapidement dépassés par la puissance militaire déployée par Iuz; et au vu du nombre d'espions récemment exécutés, le demi-dieu était sûr que Belvor et Holmer ne devineraient pas sa manœuvre.

            Effectivement, ils ne la devinèrent pas. Le seigneur Holmer découvrit l'attaque sur son flanc quand les armées humanoïdes d’Iuz franchissaient sa frontière orientale, marchant sur Crêtemur. Elles se répandirent comme un feu d'herbe en pays découvert dans les Terres du Bouclier. Quand la terrible nouvelle lui parvint, Holmer mobilisa toutes ses troupes sauf une poignée de chevaliers qu'il laissa le long des fleuves et prit la tête de son armée pour regagner Admundfort, la capitale sans défense. Plus de la moitié des chevaliers périrent pendant le voyage, mais ceux qui atteignirent les rives du Nyr Dyv brûlèrent autant de vaisseaux que possible puis ils firent voile vers la capitale. Epuisés et en guenilles, les chevaliers ne parvinrent pas à tenir la capitale devant les assauts des troupes humanoïdes. Admundfort et Crêtemur tombèrent et Holmer fut capturé pour être conduit dans les oubliettes de Dorakaa.

            La chute des Terres du Bouclier laissait le flanc oriental de la Furyondie exposé ; une menace que Belvor élimina rapidement. Ses seigneurs levèrent des milices importantes pour renforcer les rangs éclaircis des Chevaliers du Cerf et des troupes furent rapidement rappelées de la frontière avec la forêt de Vesve. Grâce à ces renforts, les armées de Furyondie réussirent à contenir les hordes humanoïdes de Iuz à la Bataille du Pont de Crêtemur. En leur infligeant des pertes sévères, elles interdisaient toute progression aux humanoïdes au-delà de la Veng.

 

Attaque et Contre-attaque

            Bien que mal préparée, la Furyondie sut réagir. Pendant qu'il levait des troupes fraîches, le roi Belvor IV envoya ses émissaires les plus capables dans les cours du sud. Les ambassadeurs apportèrent la triste nouvelle de la chute d'Holmer aux contrées de Célène, Bissel, Véluna, dans les Etats d'Ulek et surtout en Kéolande. Avec un plaidoyer passionné, ils mirent en garde ces pays sur les conséquences que pourrait avoir la chute des royaumes du nord, les incitant à se soulever et à s'opposer définitivement au mal. Ces mots ne furent pas prononcés en vain car les alliés répondirent à leur appel. Mais ils ne pouvaient pas envoyer un grand nombre de troupes en aussi peu de temps.

            Pendant ce temps, plus à l'est, Archbold III de Nyrond se remettait du choc de la chute de Taine. Choqué par les rumeurs qui l'accusaient d'avoir permis la défaite du duché, le roi décida de prouver d'une façon indéniable son soutien à son ancienne colonie. Alarmé par des rapports relatant les pillages sans merci que se livraient les Poings, Archbold fit marcher son armée vers le nord, à travers le Bois des Fous. Les contingents elfes de son armée lui permirent d'infiltrer facilement le Bois Luisant et d'écraser les quelques troupes de Roquepoigne postées là. Sans autre mise en garde, les Nyrondais envahissaient Taine.

            Mais les Poings se révélèrent des adversaires autrement plus coriaces que les Tainois car l’adversaire de Nyrond était déterminé à se battre. Devenu fou de rage par cette attaque surprise, Sevvord exécuta, pour donner l'exemple, quelques commandants médiocres et sacrifia une partie de ses troupes ce qui lui donna le temps de rassembler ses forces près du village de Ternsmay. Bien que désavantagés par le nombre, les Poings occupaient un terrain favorable et, pour ces raisons, aucun camp ne prit le dessus sur l'autre. Après un combat qui dura tard dans la nuit26, les Poings se replièrent et fortifièrent leurs positions. Bien que victorieux, cette victoire se révéla amère car Archbold ne pouvait plus se permettre d'avancer à l'intérieur de Taine. Ainsi, pendant de longues semaines, les deux adversaires campèrent sur leurs positions en s'observant de part et d'autre d’un no-man's land étroit d'un mile.

            Iuz n'avait pas l'intention d'interrompre sa succession de victoires. Utilisant l'or pillé dans les Terres du Bouclier, il acheta les services de mercenaires humanoïdes habitant la Forêt de Vesve27. L'armée humanoïde descendit la Vesve, débordant la frontière nord-ouest de la Furyondie et s'empara de Port-Faïence. Le chemin de la capitale était libre et Chendl aurait pu tomber dès la tombée de la nuit sans la réaction rapide de quelques chevaliers et des habitants. Ils harassèrent l'armée humanoïde tout au long de sa progression dans les terres de la Furyondie, ralentissant l'armée qui marchait sur Chendl, ce qui donna le temps aux défenseurs de la cité de se préparer à l'assaut. En Moissonnier, Chendl était encerclée.

 

Furyondie assiégé

            Les nouvelles de Chendl portèrent un coup à Belvor IV. Iuz tenait la Pavoisie ; la Société Cornue ne cessait d'attaquer ses frontières, et maintenant la province de Fairwain et sa capitale Chendl étaient assiégées.

            Pire peut-être, aucune aide n'était arrivée. Les rapports de ses ambassadeurs étaient décourageants. Le Seigneur Kendall écrivait de Célène disant que sa Majesté, Yolande, était « très ambigüe quand il lui demandait combien de troupes elle pouvait envoyer et quand elle pensait s'en occuper ». Les nouvelles de Bissel n'étaient pas meilleures. Le Margrave pensait que les Cavaliers de Ket profiteraient du départ de ses troupes pour attaquer sa frontière. Le Commandant de la Grande Marche insistait sur le fait qu'il ne pouvait agir sans concertation préalable avec la Kéolande. Et la Kéolande restait muette.

            En Furyondie, les Sept Familles (les grandes familles nobles du royaume) commençaient à critiquer le coût de la guerre. En plus des revenus engagés, elles se lamentaient aussi sur leurs pertes de revenus. Les nouvelles milices avaient vidé les campagnes d'hommes jeunes et valides, laissant les moissons pourrir sur place. Pendant ce temps, les agents de Iuz s'infiltraient dans le royaume essayant de pousser la population locale affamée à la révolte. Toutefois, Belvor ne se découragea pas là où tout autre aurait cru la cause entendue.

            En effet, toutes les nouvelles n'étaient pas si mauvaises. Les chevaliers avaient réussi à stopper l'avance des humanoïdes qui ne pouvaient alors faire guère plus qu'encercler Chendl. Les raids de la Société Cornue devenaient de moins en moins fréquents et plus brouillons. Mais, mieux que tout, le Chanoine de Véluna venait de lui apprendre que son armée se dépêchait de se porter au côté de la Furyondie. De même, les nouvelles de Nyrond - quoique moins bonnes - indiquaient clairement que les Poings étaient contenus. Encouragé par ces nouvelles, Belvor décida de passer à l'action.

            La première tâche de la Furyondie - plus politique que stratégique - fut de briser le siège de Chendl. Jouant sur la nature chaotique des assiégeants28, Belvor laissa la majorité de ses troupes le long de la Veng et, à la tête d'unités d'élite, il mena lui-même une attaque fulgurante contre ceux qui menaçaient sa capitale. Les chevaliers de Belvor étaient en sous nombre, mais grâce à leur tactique supérieure et à l'aide de magiciens, ils prirent le dessus. Les chevaliers taillèrent en pièces les rangs humanoïdes et les acculèrent aux murs de la ville. Peu de temps plus tard, les champs autour de Chendl étaient couverts de cadavres orcs séchant au soleil, et la route de Chendl était à nouveau libre.

            A ce moment, Iuz et la Furyondie avaient atteint leurs limites. La guerre violente qu'ils s'étaient livrée avait épuisée leurs réserves en nourriture et en troupes entrainées. Ainsi, pendant les mois de Soufflebise, Closeporte et de Longuenuit, les deux nations se dépêchèrent de se réapprovisionner.

 

 

22 Les fortifications de la frontière sont en réalité antérieures à la fondation du Taine. Les premières défenses furent construites par les Aerdis, une muraille hérissée de tours au sommet de la passe. Calbutte naquit naturellement à la base de la passe et était déjà fortifiée à l'époque de la rébellion des Taines.

 

23 L'illustre carrière de Margeist de Pont-Rouge lui valut le poste de Sénéchal de Calbutte, une position à laquelle il « ferait le moins de mal ». Mesquin et incompétent, le nouveau commandant de la garnison attira vite l'attention du Chevalier-Magistrat de Taine pour détournement des fonds de la garnison. Sa culpabilité ne fut jamais prouvée car il disparut pendant l'attaque.

 

24 En particulier, le roi de la plus faible des nations barbares, les Frutzii, profitait grandement de ce pacte avec Ratik. L'archibaronie aidait les Frutzii à libérer la passe du nord des Poings et à amasser suffisamment de forces pour pouvoir se débarrasser de la domination des puissants Schnai.

 

25 A. Yamoskov, un sage de Rel Mord, suppose d'après le Codex de Mordenkainen, que Iuz possédait les réceptacles de la force vitale de ses démons et qu'il pouvait ainsi les plier à sa volonté. Il prétend même que pendant son emprisonnement, Iuz fut banni du Plan Matériel et que pendant cet exil, il en aurait profité pour acquérir les objets dont il avait besoin.

 

26 Contrairement à son habitude, Sevvord Barberouge ne cessa pas le combat à la tombée de la nuit, s'appuyant sur des troupes possédant l'infravision pour pousser jusqu'à tard dans la nuit.

 

27 Indiscutablement l'argent provenait des Terres du Bouclier. En effet, un groupe d'aventuriers de Perrenelande pilla le trésor d'un chef orc de la Vesve et y trouva de la vaisselle portant les armoiries d'Holmer.

 

28 G. Ivril croit que la force des assiégeants consistait essentiellement de cinq grandes tribus orcs suivantes : les Vrunik, Faarsh, Jukko, Haggnah et Karaki. Toutefois, il est très probable que l'armée de la Vesve ait aussi comporté d'autres races, plus particulièrement des gobelins et des grands-gobelins. Ainsi, la liste de G. Ivril est sûrement incomplète.





Références

Histoire officielle des Guerres de Greyhawk

Traduction du "Wars Adventurer's Book" écrit par David Cook. 

Traduction initiale par Laurent Debelle.

Relecture par le Chevalier de Greyhawk

 

Le prochain article concerne la 3ème partie de l'histoire officielle des Guerres de Greyhawk : l'éveil du Grand Royaume.

 

Bonne lecture.

Le Chevalier de Greyhawk

 

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