Les sang-mêlé orcs: le point de vue des orcs et des sang-mêlé orcs

LE POINT DE VUE DES ORCS ET DES SANG-MÊLE ORCS

Magazine DRAGON n° 62: “The Half-Orc Point of Vue” par Roger Moore, © 1982 by TSR Hobbies

 

Les sang-mêlé orcs, comme tout le monde le sait, sont issus des unions entre les orcs et les humains. Ils ne sont pas rares dans le monde du jeu d’AD&D™, et ils ne véhiculent pas une bonne réputation auprès de la plupart des populations. Une autorité bien connue décrit la plupart des sang-mêlé orcs comme « brute, grossier, vulgaire et généralement odieux ».

Pourquoi les sang-mêlé orcs semblent produire cette impression ? Qu'est-ce qui les motive ?

Pour mieux comprendre les sang-mêlé orques, on a besoin de comprendre l'aspect de leur nature. Les orcs sont probablement le type de créatures humanoïde le plus courant. Ils varient considérablement sur le plan de leur apparence physique, mais semblent généralement conserver un regard vaguement humain, teinté d'un soupçon de quelque chose … d’autre.

Dans presque toutes les sociétés orcs, la philosophie de la communauté est la même. Les orcs sont les ultimes darwinistes sociaux ; seulement les forts et les intelligents survivent, et les plus forts et donc les orcs les plus intelligents sont ceux qui parviennent à atteindre les niveaux sociaux supérieurs de leurs groupes : les orcs n'ont aucun respect pour les plus faibles qu’eux, et sont rapides à affronter ceux plus fort qu'eux. Ils se méfient de toute tentative d'amitié et d'amour, voyant celle-ci comme pouvant dissimulant d'autres intentions plus basses ; s'ils découvrent des sentiments d'amitié qui sont tout à fait authentiques, ils vont immédiatement tenter de manipuler les événements pour en tirer le meilleur profit et avoir le dessus.

Les orcs sont comme ça à cause de l'influence de leurs divinités (discuté dans l’article suivant) et à cause de leur propre passé. Les sages ont découvert beaucoup de preuves montrant que les orcs se sont développés dans des régions généralement hostile à la vie ; la survie y était difficile, et seul un groupe travaillant en étroite collaboration pouvait espérer collecter suffisamment de nourriture pour garder en vie ne serait-ce qu’une partie de ses membres pendant l’année. Alors que le groupe devait travailler ensemble pour collecter de la nourriture, la distribuer était une tout autre affaire. Les orcs les plus forts ont le plus de nourriture, et les plus faibles n'en ont pas du tout. (Ils allaient probablement- mourir de toute façon, n'est-ce pas ?)

Les orcs les plus coriaces ont réussi à recevoir plus que le strict minimum de nourriture, assez pour rendre leur vie plus confortable et leur donner un certain degré de sécurité personnelle. Cela leur a également permis de d’explorer des occupations plus intellectuelles que la récolte de nourriture, et comprendre comment obtenir plus de nourriture et d'espace vital.

L'opportunité la plus facile à réaliser était de prendre de la nourriture et/ou un logement à d’autres, et ces autres étaient généralement d'autres orcs. Une concurrence intertribale est devenue féroce et, au fil des siècles, bon nombre de ces conflits ont "évolué" dans ce qui semble être éternel : un état de guerre permanent entre les diverses tribus.

Les orcs vivent la nuit par nature. Ils préfèrent attraper une proie lorsqu'elle dort et qui sera moins capable de s'échapper. Les orcs ont fait ça depuis si longtemps qu'ils ont développé l'infravision, la capacité de voir des objets vivants dans l'obscurité par leur chaleur corporelle. Le développement de l'infravision était aidé par l'habitude de l’orc de vivre dans des grottes pour se protéger. Les orcs ont tendance à vivre dans des zones sauvages où le ciel est très couvert et la lumière directe du soleil est inexistante ou au mieux rare. Dans des univers magiques, de telles régions sont fréquemment trouvées, leur crépuscule perpétuel entretenu par les forces magiques lancées par un mortel ou un être divin. Dans ces endroits où les orcs seront beaucoup plus actifs qu'il n'est d'usage pendant la journée, même au point de faire des razzias et de chasser, mais c'est la nuit que les orcs deviennent vraiment dangereux.

Bien que de telles vies de travail acharné et dangereux ont rendu la plupart des orcs forts et robustes, la race a une courte durée de vie. Un mâle de 40 ans a atteint la fin virtuelle de sa vie, l'âge moyen d’un orc est de 12 à 26 ans. Comme on pouvait s'y attendre, les orcs ont un taux de reproduction très élevé, mais leur taux de mortalité infantile est aussi élevé. A peine un enfant orc sur trois verra l'âge adulte, et moins encore connaîtront la vieillesse.

Rien de tout cela n'est une surprise pour les non-orcs qui ont fait une étude laconique de cette race. Mais ce qui choque l’observateur occasionnel est le degré d'acceptation que les orcs expriment pour cette situation.

"Comment pourrions-nous nourrir autant de petites bouches affamées ? » rétorque un orc prisonnier à un paladin curieux. "Si vous avez beaucoup de marmots et que certains d'entre eux meurent, et alors ? Ils étaient les plus faibles … les plus forts vivront et travailleront pour toi, rends-toi fier de leur force. Qui veut des fils faibles ? Vos ennemis vont te tuer dans ton sommeil s'ils te voient protégés par des faibles.

Comme on peut le déduire des commentaires précédents, les orcs préfèrent les enfants de sexe mâle. Bien que les femelles naissent un peu moins souvent que les mâles, beaucoup moins de femelles survivent jusqu'à l'âge adulte. D’autres races proche-humaines avec un déséquilibre de naissance ont cette caractéristique pour des raisons naturelles ; les orcs (et certains autres humanoïdes également), sont cependant plus susceptibles de pratiquer l'infanticide sélectif, ou sinon, d’ajustez le rapport de force entre les mâles et les femelles. L'important dans une société orc est la capacité de combat pour gagner en statut et en bien-être ; puisqu'ils ont moins de muscle que les mâles, les femelles sont perdantes en général. Les orcs croient que la seule qualité des orcs femelles est de porter des enfants (le plus possible) tout en gardant la grotte propre.

La religion orque est également intéressante, car dans une grande mesure, le mode de vie des orcs reflète les principes de la religion qu'ils suivent. En gros, les orcs n'apprécient pas les conséquences de leurs actions au-delà du présent immédiat (une conséquence de leur faible sagesse). Ce qu'ils font, ils le font pour l'ici et maintenant, parfois avec une certaine (mais pas beaucoup de) considération pour l'avenir. C’est probablement dû aux nécessités de leur vie difficile ; ils n'ont pas le temps de penser à l'avenir quand il faut juste s'inquiéter de survivre aujourd'hui. Cependant, pour les orcs, ce raisonnement s'applique même quand les temps sont relativement bons et la nourriture est abondante. Ils continuent à se préoccuper principalement du maintenant, sans voir l’après.

Cette attitude est renforcée dans leurs cérémonies religieuses ; aucune mention n'est faite de leur avenir au-delà de la déclaration, souvent répétée, que les orcs gouverneront un jour le monde. Il est intéressant de noter que Gruumsh, la principale divinité orc n’a qu’un seul œil ; cela signifie qu'il a un champ de vision étroit et aucune perception profonde de l’avenir. Les nombreuses histoires sur Gruumsh révèlent qu'en effet, lui aussi, semble enclin à agir d'abord et à réfléchir après. Quand il rencontre un autre dieu qui semble ne pas le remarquer, ou qui ne lui donne pas le respect exigé, il ne demande pas pourquoi ; il attaque.

Quand Bahgtru, le fils débile (et avec deux yeux) de Gruumsh (et avec deux yeux), se cogne l'orteil sur un énorme rocher, Gruumsh maudit le rocher et essaie de le combattre. Après l'avoir cassé en petits morceaux avec l'aide de Bahgtru, il revendique une victoire sur les forces de la nature. Peu importe que lui et Bahgtru avaient leurs pieds coupés par des fragments de roche, ou qu’ils sont si fatigués d’avoir brisé le rocher et qu'ils aient du mal à se battre plus tard contre les géants. Il fallait faire le point, à ce moment et ici. Alors que Gruumsh saura généralement agir avec prévoyance et planification, sa rage s'enflamme facilement, et inévitablement, trouble son jugement. Avec un seul œil, il n'a qu'une vision du monde : la sienne. Les chamans orcs et clercs sang-mêlé orcs veulent imiter Gruumsh en arrachant l'un de leurs yeux, espérant gagner le point de vue de Gruumsh.

Avec un contexte comme celui-ci, il n'est guère surprenant que les sang-mêlé orques soient ce qu'ils sont devenus. Produit dans des circonstances parfois douteuses, les sang-mêlé orcs conserveront certaines propriétés des deux espèces, humains et orcs, où qu'ils soient élevés.

Ceux qui ont grandi dans une société orc (au moins les mâles) seront immergés dans cette philosophie sociale décrite précédemment. Bien que les orcs aient des degrés d'aversion différents pour les "proche-humains" qui se trouvent parmi eux, ils sont également conscients que ces êtres possèdent généralement plus de compétences et de ruse qu'un orc, et qu’ils ont le potentiel d'être plus forts que les orcs habituels.

Sauf rivalité entre les sang-mêlé orcs et ses pairs mettant fin à sa vie à un âge précoce, le sang-mêlé orc obtiendra généralement une position respectable de pouvoir et d'influence dans sa tribu. Conscient qu'il n'est pas totalement un orc, le sang-mêlé orc se sentira probablement bien supérieur aux orcs et montrera de l'arrogance et de la fierté - mêlant avec succès les pires qualités humaines avec le "meilleur" des orcs. Ces sortes de dirigeants sont exceptionnellement dangereux, possédant suffisamment de prévoyance et d'intelligence pour diriger leurs tribus vers plus de raids, de banditisme et de guerre à grande échelle que ce que font d’habitude les bandes d’orcs.

La vie n'est pas toute rose pour ce type de leader ; les rivalités, jalousies et intrigues continueront contre lui probablement au sein de la tribu à moins qu'il ne devienne assez puissant pour obtenir un obéissance immédiate et à défaut, une mort rapide de l’intriguant. Quelques cas sont connus de femelles sang-mêlé orcs s'élevant à des positions de pouvoir au sein d'une tribu ; généralement cette femelle est soit une guerrière déguisé en mâle (qui doit fuir ou mourir si sa tromperie est découverte), ou un clerc d’une des rares religions orcs qui autorisent les chamanes et les clercs femelles. On ne connaît aucun cas où les sang-mêlé orques femelles deviennent aussi largement redoutées ou puissantes (personnellement ou politiquement) que des sang-mêlé orcs mâles, bien que ce ne soit pas par faute de leur part. les préjugés sexuels orcs sont profonds et restent forts.

Les sang-mêlé orcs, élevés dans la société humaine, généralement sans la présence du parent orc, ont plus de chances d'adopter une variété d'attitudes et un style de vie sans rapport avec les orcs, mais, même dans ce cas, ils auront moins d’aspects savoureux à leur caractère. L'humain moyen a une aversion pour les orcs et tout ce qui a une ascendance orc ; les sang-mêlé orcs seront les objets de préjugés dans la plupart des communautés humaines.

De nombreux sang-mêlé orcs réagissent aux attentes locales à leur égard de manière prévisible (renforçant d'ailleurs ces attentes). En d'autres termes, traitez un sang-mêlé orc comme s’il était dangereux et mauvais, et il deviendra probablement dangereux et mauvais si ce n'était pas déjà le cas. Pourtant il y a des exemples de sang-mêlé orcs d’alignement neutre et même quelques-uns d’alignement bon ; la plupart d'entre eux conservent une affinité pour la loi et l’obéissance qui n’est pas naturelle (pour beaucoup humains), mais ils seront par ailleurs d’une compagnie acceptable. Des sang-mêlé orcs élevés dans une communauté humaine sont peu susceptibles de parler l’orc à moins qu'ils n'aient étudié ce langage.

Les sang-mêlé orcs ont une variété de carrières qui s’ouvre à eux, quel que soit la communauté qu'ils habitent. Évidemment, et le plus souvent, ils font de bons guerriers, une tradition orc met fortement l'accent sur le combat personnel et la force physique.

Les sang-mêlé orc sont assez doués pour le vol et le banditisme, mais ils souffrent d’une relative mauvaise coordination physique et ils éprouvent quelques difficultés à s'appliquer pour améliorer constamment leurs compétences. Les voleurs sang-mêlé orcs volent généralement pour les même raisons que n'importe qui d'autre, mais ont tendance à estimer qu'elles sont particulièrement justifiées parce qu'ils font cela en suivant une de leurs lois qui consiste à survivre : « celui qui ne peut pas garder ce qu'il a, ne le mérite pas ». Ils considèrent leurs actions comme nécessaires pour leur propre existence, « voler parce qu'ils le doivent et pas seulement parce qu'ils le veulent ».

Les compétences d’assassin, en revanche, viennent plus facilement au sang-mêlé orc. En vertu de leur regard désinvolte sur la vie des autres, et même de leur espèce ; l'art de tuer a un certain attrait pour ceux qui ont du sang orc. Les assassins sang-mêlé orcs en arrivent souvent à croire que leurs actions sont au profit du monde en général ; ils éliminent les inaptes de la manière la plus directe possible, ce qui fait ressortir une autre des lois de la survie des orcs : « si quelque chose peut facilement être tué, c’est qu’il ne méritait pas de vivre ». Qui peut résister à l'envie d'être celui qui manie la faux, qui décide du destin des autres, qui a le pouvoir de la mort omnipotente entre ses mains ? Avec leur préférence pour employer un groupe de sous-fifres, les sang-mêlé assassins peuvent créer de puissantes guildes pour les soutenir, et peuvent finir par propager leur influence dans de nombreuses administrations ou même des gouvernements.

Les sang-mêlé orcs qui deviennent clercs combinent généralement leurs pratiques cléricales avec une autre carrière, le plus souvent comme un guerrier ou un assassin. Ceci est dû au fait que les sang-mêlé orcs ne peuvent pas avancer très loin en expérience en tant que clercs, et ils devront finalement disposer d’un autre ensemble de compétences pour traiter d'égal à égal avec des adversaires de plus en plus coriaces. Les sang-mêlé orcs clerc/assassin sont invariablement des adorateurs de la mort et ils s'efforcent de se mettre en meilleure faveur auprès de leurs dieux répugnants en donnant personnellement la mort à autant d'êtres que possible, au sein de leur religion et à l'extérieur de celle-ci.

Les orcs et les sang-mêlé orcs n'aiment généralement pas et évitent les êtres plus grands qu'eux, à moins que (comme dans le cas des ogres) les orcs sentent qu'ils peuvent suffisamment les manipuler, avec des promesses de trésor partagé et de nourriture, pour les rendre utiles à la communauté des orcs en tant que gardien et/ou d’infanterie lourde. Les orcs et les sang-mêlé orcs ont de l’aversion pour les plus petits humanoïdes parce qu'ils sont inévitablement plus faibles, et ces races sont généralement employées uniquement comme esclaves. Les gobelins, qui sont seulement un peu plus faibles que les orcs et peuvent au moins parfois leur tenir tête, bénéficient de plus de tolérance que les autres petits humanoïdes.

Mais ce ne sont pas les autres humanoïdes que les orcs détestent au-dessus de tout - c'est une autre tribu orc. Les racines de la haine sont profondes entre ces tribus en conflit ; la cause originale de leurs désaccords, s'il y en a une, s’est perdue depuis longtemps dans l’antiquité. Les conflits intertribaux sont entretenus par des bigoteries religieuses ; chaque tribu vénère un dieu particulier, patron des orcs, avec des intérêts qui (naturellement !) entrent en conflit avec ceux des autres divinités. Même ainsi, toutes les tribus paient généralement un hommage à Gruumsh, le roi de tous les dieux orcs.

Une autre question concernant les personnalités des orcs et des sang-mêlé orcs doit être abordée. Pourquoi les orcs détestent-ils autant les elfes ? Un examen superficiel de la question révèle peu de cause manifeste ; les orcs et les elfes ne se disputent pas souvent le même espace de vie ou la même nourriture. Mais un examen un peu plus approfondi montre qu'en termes de personnalité, deux races ne pourraient probablement être plus éloignées. Par exemple :

Les elfes sont capables de voir les nombreux aspects d'un problème ; les orcs n'en voient qu'un.

Les elfes examinent attentivement les conséquences au long terme d'une action, généralement avant de l'entreprendre, alors que les orcs ne se soucient que du présent.

Les elfes vivent très longtemps, tandis que les orcs ont l'une des durées de vie les plus courtes parmi les races humanoïdes.

Cette liste pourrait être plus longue, contrastant bien d'autres aspects du mode de vie de ces deux races, mais un point a été développé. Les orcs et les elfes sont opposés dans presque dans tout, et les orcs n'apprécient pas les avantages que les elfes ont, en particulier leur longue durée de vie. Alors que les elfes n'aiment pas particulièrement les orcs, ils les considèrent comme un problème à court terme.

 

Références :

DEITIES & DEMIGODS Cyclopedia by James M. Ward with Robert J. Kuntz. Edited by Lawrence Schick - © 1980 - TSR Game

Magazine DRAGON n° 62: "The Point of Vue of the Half-Orc" &“The Orcs” par Roger Moore, © 1982 by TSR Hobbies

UNEARTHED ARCANA par Gary Gygax, © 1985 E. Gary Gygax. All Rights Reserved.

MONSTER MYTHOLOGY par Carl Sargent - © 1992 - TSR, Inc. All rights reserved.

 

Notre prochain article porte sur le panthéon orc.

Bonne lecture.

Jacques

 

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